Chiffres clés - Mobilité étudiante dans le monde

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Derniers développements de la mobilité étudiante (post 2022)

La mobilité étudiante internationale connaît des changements importants et rapides, au-delà de la période couverte par les données comparatives de l’Unesco. Quelles sont les inflexions et les nouvelles tendances à l’œuvre dans les grands pays d’accueil ?

Entre compétition et changements de politique

États-Unis

L’édition 2024 d’Open Doors, publication statistique annuelle de l’Institute for International Education, présente un enseignement supérieur états-unien comptant désormais plus d’étudiants internationaux qu’au pic de 2019, soit 1 130 000 en 2023-2024 (+7 % sur un an ; 6 % du total des étudiants). Plus de la moitié de ces étudiants internationaux, 54 %, proviennent des deux principaux pays d’origine, l’Inde (29 %) et la Chine (25 %) – les deux communautés de très loin les plus présentes dans le pays. Mais tandis que les effectifs d’Inde, comme du Pakistan, sont en croissance sur un an, ceux des autres principaux pays d’origine asiatiques – Chine, Corée du Sud, Japon – sont en baisse. Un quart des étudiants internationaux sont inscrits en mathématiques et informatique, disciplines qui voient un afflux de +17 % d’internationaux en un an, les autres disciplines les plus choisies, l’ingénierie et le business et management, regroupant des effectifs en nombre stable. 

Mais cette dynamique d’internationalisation survient à la veille du deuxième mandat présidentiel de Donald Trump, qui pourrait, comme lors de son premier mandat, conduire à des changements notables sur le volume et les origines des étudiants internationaux présents dans le pays.

Royaume-Uni

Les établissements du Royaume-Uni, portés par une politique de visas relativement favorable jusqu’en 2023, ont su s’adapter aux chocs consécutifs qu’ont été le Brexit et la crise sanitaire. Le nombre d’étudiants internationaux a en effet connu une croissance continue entre 2019 et 2023 aboutissant à un total de 759 000 étudiants internationaux en 2022-20234. La part d’étudiants internationaux dans le Royaume n’a jamais été aussi forte : 26 %, contre 20 % en 2019. La baisse du nombre d’Européens en provenance de l’UE (-38 % sur deux ans) a été très largement compensée par l’augmentation du nombre d’extra-européens qui représente désormais 87 % du total (nombre d’étudiants en croissance de 48 % sur deux ans). Les effectifs indiens en croissance très nette, dépassent désormais ceux de Chine – alors même que ceux-ci ont continué de croître tandis qu’ils stagnaient ou baissaient dans d’autres pays d’accueil –, tandis que ceux du Nigeria, troisième pays d’origine, continuent de progresser rapidement.

Cependant, le nombre de visas pour études délivrés en 2024, 407 900, est en baisse de 14 % par rapport au total de 2023, lui-même inférieur de 12 % au total de 20225. La majorité des étudiants au niveau Bachelor (à l’exception de ceux en mobilité encadrée avec bourse du gouvernement britannique) n’ont plus la possibilité, depuis le 1er janvier 2024, de faire venir des membres de leur foyer au Royaume-Uni. Les conséquences financières de ces inflexions sont déjà alarmantes pour les universités britanniques les plus dépendantes de la mobilité étudiante internationale.

Allemagne

Confrontée depuis plusieurs années à une pénurie de main-d’œuvre qualifiée, thématique occupant une place primordiale dans le débat public, l’Allemagne s’applique avec constance à développer son attractivité internationale dans une multitude de domaines d’études6, soutenant ses universités à cette fin, favorisant les transitions études-emploi des internationaux, et travaillant à l’amélioration des conditions de séjour des étudiants internationaux. Au sein de l’Union européenne, l’Allemagne offre de meilleures conditions de séjour post-études (18 mois) et un accès plus rapide à la nationalité allemande (5 ans de séjour, études comprises) que nombre de ses pays voisins.

Australie

Grand pays d’accueil, devancé désormais par l’Allemagne, l’Australie opère une sélection renforcée sur les demandes de visas des étudiants internationaux, retirant également, depuis juillet 2024, la possibilité de changer de type de visa pour un visa d’études depuis l’Australie.. Les défis posés par la baisse du nombre d’étudiants asiatiques dans le pays pour le financement des universités sont cependant immenses : l’Australie voudrait à présent faire doubler le nombre d’étudiants australiens inscrits dans le supérieur d’ici à 2050, passant de 900 000 en 2024 à 1,8 million7.

Canada

Confronté à une forte croissance des effectifs, le Canada a pris des mesures visant à réguler le nombre de nouveaux entrants dans le pays. Le plafond du nombre de permis pour études introduit par le gouvernement fédéral en 2024, ayant conduit à une réduction de 35 % de ceux-ci, sera abaissé à nouveau de 10 % en 2025 et suivi par un nouveau plafond en 2026. Le gouvernement espère également diversifier les origines des étudiants, les spécialités disciplinaires et villes d’études choisies au Canada. L’éligibilité aux visas de travail post-études est désormais liée à des programmes et des universités spécifiques.

L’émergence de l’Inde comme géant des mobilités étudiantes

Après plusieurs années de croissance très rapide de sa mobilité, l’Inde dépasse désormais la Chine comme 1re origine dans un nombre de plus en plus important de grands pays d’accueil. Ce phénomène devrait aller en s’accentuant, le pic de la mobilité chinoise dans le monde étant certainement derrière nous. 
Aux États-Unis, l’Inde est pour la première fois en 2023-2024 le premier pays d’origine, avec 332 000 étudiants, devant la Chine et la Corée du Sud. Ce dépassement s’était produit un an plus tôt au Royaume-Uni, deuxième pays d’accueil. En 2022-2023, 127 000 étudiants indiens étaient inscrits au Royaume-Uni contre 103 000 Chinois.
L’Allemagne compte 43 000 étudiants indiens en 2022-2023, constituant là-aussi, pour la première fois, la première origine, devant les étudiants chinois.
En Australie, 118 000 étudiants indiens étaient inscrits en 2024, en baisse de 7 % par rapport à 2023, dans un contexte mondial de plus en plus concurrentiel.

Dans le monde, en bref…

  • La Corée du Sud s’est fixée en 2024 l’objectif d’accueillir 300 000 étudiants internationaux d’ici à 2027 (Study Korea 300K Project) soit une augmentation de 46 %. Les conditions financières pour l’obtention du visa et les conditions de niveau linguistique sont abaissées, tandis que le nombre d’heures de travail autorisées pendant les études et le nombre de bourses Global Korea Scholarships sont augmentés. Les diplômés pourront séjourner jusqu’à 3 ans pour chercher un emploi contre 6 mois précédemment, et ceux des sciences fondamentales auront des facilités d’accès à la nationalité coréenne.
  • L’introduction de droits différenciés pour les pays tiers en Norvège en 2023 aurait entrainé, comme pour la Suède dans la même situation en 2011, une diminution importante du nombre d’étudiants extra-européens, estimée à -70 %8.
  • L’Irlande poursuit sa stratégie d’internationalisation et d’innovation, Global Citizens 2030, lancée en 2024, et estime avoir déjà quasiment atteint l’objectif de 15 % d’étudiants internationaux dans ses universités9.
  • Le Japon veut faciliter l’obtention de titres de séjour pour les diplômés internationaux des 100 meilleures universités du pays10.
  • Fortement perturbée par l’épidémie de Covid-19, l’internationalisation de la Chine est de nouveau promue par le gouvernement, avec des objectifs d’accueil de 50 000 États-uniens et 10 000 Français, ainsi que le doublement du nombre d’Européens en mobilité d’échange dans le pays d’ici à 2027.
  • Le gouvernement des Pays-Bas entend, par la loi, réduire le nombre de formations de Bachelor dispensées en anglais, en fixant un minimum de 2/3 de formations de premier cycle en néerlandais. Le nombre d’étudiants internationaux dans le pays a connu sa croissance interannuelle la plus modérée des 9 dernières années, +5 % en 2023-202411.
  • La Malaisie vise à accueillir 250 000 étudiants internationaux en 2025. Sa position de hub en Asie pourrait continuer de se renforcer, le pays proposant une offre diplômante compétitive facilement accessible géographiquement, le tout dans un environnement multiculturel.

Campus France — chiffres clés 2025