La mobilité étudiante, toujours en croissance
Référence incontournable de l’analyse de la mobilité étudiante à l’international, l’Institut statistique de l’Unesco (ISU), présente des données relatives à l’année 2020, pour lesquelles les effets de la pandémie ne sont, pour la plupart des pays, pas encore mesurés (voir encadré méthodologique ci-dessous). En 2020, le phénomène de mobilité étudiante continue de s’amplifier (+4% par rapport à 2019). Si la hausse du nombre d’étudiants mobiles est plus faible que l’année précédente (+4% contre +7% en 2019), elle est identique à celle mesurée deux ans plus tôt (+4% entre 2017 et 2018). Parmi les 10 principaux pays d’accueil en 2020, certains connaissent une progression particulièrement dynamique du nombre d’étudiants internationaux sur un an : le Royaume-Uni (+13%), l’Allemagne (+11%), le Canada (+16%), la Chine (+12%), le Japon (+10%) et la Turquie (+20%).
Dans la deuxième partie du top 20, on remarque des augmentations fortes du nombre d’étudiants accueillis, sur un an, aux Pays-Bas (+15%), en Corée du Sud (+13%), en Pologne (+13%) et en Ukraine (+10%).
Seuls quatre des vingt premiers pays d’accueil de la mobilité étudiante enregistrent une diminution de leur fréquentation sur un an : les États-Unis (-2%), l’Australie (-10%), les Émirats arabes unis (-4%) et l’Arabie saoudite (-6%). Pour la troisième année consécutive en 2020, la mobilité entrante aux États-Unis, premier pays d’accueil, ne progresse plus. Sur les quatre dernières années, le nombre d’étudiants internationaux dans le pays a diminué (-1,4% entre 2016 et 2020). L’Arabie saoudite constate également une baisse d’attractivité prolongée : le nombre d’étudiants accueillis diminue pour la quatrième année consécutive (-14% entre 2016 et 2020).
Les vingt premiers pays d’accueil de la mobilité étudiante dans le monde en 2020
Pays | Effectifs 2020 | Évolution | Évolution | Rang 2015 | Rang 2020 |
---|---|---|---|---|---|
États-Unis*** | 957 475 | -2% | +6% | 1 | 1 |
Royaume-Uni | 550 877 | +13% | +28% | 2 | 2 |
Australie | 458 279 | -10% | +56% | 3 | 3 |
Allemagne | 368 717 | +11% | +61% | 6 | 4 |
Canada*** | 323 157 | +16% | +88% | 7 | 5 |
France* | 252 444 | +2% | +22% | 4 | 6 |
Chine** | 233 127 | +12% | +89% | 9 | 7 |
Japon | 222 661 | +10% | +69% | 8 | 8 |
Émirats arabes unis | 215 975 | -4% | +194% | 13 | 9 |
Turquie*** | 185 047 | +20% | +156% | 15 | 10 |
Pays-Bas | 124 876 | +15% | +45% | 12 | 11 |
Argentine*** | 121 577 | +5% | +61% | 16 | 12 |
Corée du Sud*** | 111 568 | +13% | +105% | 21 | 13 |
Malaisie | 89 193 | +9% | -20% | 10 | 14 |
Espagne | 82 269 | +7% | +65% | 22 | 15 |
Autriche | 75 870 | +2% | +12% | 17 | 16 |
Arabie saoudite | 69 005 | -6% | -6% | 11 | 17 |
Pologne | 62 091 | +13% | +41% | 23 | 18 |
Ukraine | 61 026 | +10% | +6% | 18 | 19 |
Italie* | 58 508 | +7% | +31% | 10 | 20 |
Autres pays | 1 533 561 | +6% | +17% | - | - |
Total | 6 361 963 | +4% | +32% | - | - |
Source : ISU, 2023, collecte UOE.
* L’évolution 2015-2020 pour la France et l’Italie est estimée. La méthode de comptage pour la France a changé deux fois, à partir des années 2013 et 2018, rendant tout calcul d’évolution antérieur à 2018 non significatif.
** Hong-Kong et Macao inclus.
*** Ces pays recensent les étudiants étrangers et non les étudiants mobiles ce qui entraine une surévaluation du nombre d’étudiants accueillis.
Note : En 2019, la Russie était le 6e pays d’accueil des étudiants internationaux et en recevait près de 283 000, mais les données 2020 n’ont pas été collectées en raison du déclenchement de la guerre en Ukraine.
Des changements dans le classement des premiers pays d’accueil
En 2020, l’Australie est devancée par le Royaume-Uni comme deuxième destination d’accueil, place qu’il occupait jusqu’en 2018. L’Australie est un des rares pays dans lesquels la fermeture du pays en raison de la pandémie entraine dès 2020 une baisse observable de la mobilité étudiante.
Les données pour l’année 2020 concernant la Russie n’ont pas été collectées par l’OCDE1, en réponse au déclenchement de la guerre en Ukraine. Depuis plusieurs années, l’organisme questionne la validité des données transmises par la Russie, soupçonnée de prendre en compte la mobilité dans l’enseignement secondaire dans ses chiffres. Cette absence de données valides pour la Russie permet à la France de regagner une place dans le classement des pays de destination, en se positionnant désormais comme 6e pays d’accueil.
Méthodologie de comptage des étudiants internationaux : de fortes disparités
L’Unesco, l’OCDE et Eurostat réalisent annuellement la collecte UOE sur les systèmes d’éducation. Ces institutions interrogent les autorités nationales compétentes sur ces questions afin d’obtenir les données qu’elles publient ensuite sur leur site internet. La méthodologie de collecte des données précise que les étudiants en mobilité internationale sont des personnes qui ont physiquement traversé une frontière internationale entre deux pays dans le but de participer à des activités éducatives dans le pays de destination, où le pays de destination d’un étudiant donné est différent de son pays d’origine. Le pays d’origine d’un étudiant de l’enseignement supérieur est le pays dans lequel il a obtenu son diplôme du deuxième cycle du secondaire. Lorsque les pays ne sont pas en mesure d’appliquer cette définition, il est recommandé qu’ils utilisent le pays de résidence habituelle ou permanente pour déterminer le pays d’origine. Lorsque cela n’est pas non plus possible et qu’aucune autre mesure appropriée n’existe, le pays de citoyenneté peut être utilisé mais uniquement en dernier recours.
L’ensemble des institutions nationales ne collecte pas les données de manière uniforme. Certaines prennent en compte les étudiants inscrits en mobilité d’échange tandis que d’autres se fondent sur la nationalité des étudiants afin de déterminer leur mobilité, ce qui a des conséquences non négligeables et ne permet pas une comparabilité optimale des données sur les étudiants accueillis dans l’ensemble des pays. Certains pays d’accueil – dont de très grands comme la Chine et les Émirats arabes unis – ne renseignent qu’un nombre total d’étudiants accueillis sans mention des pays d’origine, limitant fortement les possibilités d’analyse.
Autre élément à prendre en compte : l’année 2020 correspond à l’année universitaire 2019-2020 pour les pays dont l’année universitaire ne coïncide pas avec l’année civile, tandis que pour les pays dont l’année universitaire est identique à l’année civile, les données concernent l’année 2020. Cette différence a des conséquences sur la mesure de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les mobilités. Pour l’année 2020, la collecte de données UOE s’est déroulée entre mai 2019 et juin 2021 : c’est dans ce laps de temps que la pandémie de Covid-19 et ses restrictions sur la mobilité ont démarré. Pour certains pays, la collecte 2020 a donc pris en compte les effets de la pandémie, alors que ce n’est pas encore le cas pour d’autres.
1 Collecte UOE menée par l’ISU, l’OCDE et Eurostat. L’OCDE, en charge de la collecte pour la Russie ne l’a pas effectuée pour l’année 2020 en raison du déclenchement de la guerre en Ukraine par la Russie.
Campus France — chiffres clés 2025